La falaise surplombait tout. De là-haut, elle voyait cette ville, cette forêt ou même cet immense ciel azuré. De là-haut elle pouvait croire au paradis. Tout semblait irréel, féerique. Était-ce le fruit du soleil, cet astre de l'azur ? Elle l'ignorait et, bien franchement, elle s'en fichait. Elle voulait juste oublier le monde tel qu'elle le connaissait, elle voulait juste en finir avec la vie qui la portait.

Elle en avait assez de son existence, de cette courte chose que la nature lui avait offerte. Durant ces vingt années elle avait tout fait comme il le fallait, avait été respectable envers cette société discriminatoire. Durant vingt ans elle n'était tombée amoureuse qu'une seule fois. D'ailleurs, c'était la fois de trop, l'élément déclencheur, la cause à effet.
Elle se tenait encore sur le bord. Elle voulait sauter. Elle devait sauter mais... Elle n'avait pas fait ses adieux au monde. Elle se devait de dire ce qu'elle pensait, de lui dire.

« Tu sais, je me tiens là, prête à me suicider mais, au lieu de penser à mes proches, la première personne qui me vient à l'esprit ; C'est toi. Tu sais, je suis sûrement folle de mourir pour un garçon qui ne m'a manipulée pour de la drogue, qui m'a trompée trois fois, qui m'a battue. C'est drôle donc, de croire que tu pourrais venir me sauver, me prendre dans tes bras, chasser cette folie de ma tête...
Sur le point d'en finir et je te parle. Mon ombre seule me regarde. Mon écho seul me répond. Mais, tu sais quoi, je ne perds pas espoir de te retrouver un jour. Que je suis sotte de parler dans le vide non ?
J'aimerais me sentir vivante, réelle. Sentir ton visage sur mes mains. J'aimerais te voir. Tes yeux bleus, tes cheveux roux, ton sourire sarcastique. J'aimerais entendre ta voix. J'aimerais que tu me dises que tu m'aimes, que ces trois dernières années n'ont été qu'un rêve. J'aimerais tant...
Alors, adieu. Je t'aime. »

Et, sur ces mots qui ne parviendraient jamais à l'oreille de celui qu'elle avait tant aimé, elle sauta.