| Sujet: Et si je n'étais pas comme tout le monde ? ▬ Dim 27 Mai 2012 - 15:19 | |
| « Et si je n'étais pas comme tout le monde ? » D'un azur éclatant, le ciel s'étendait, ne laissant pas la place aux plus infimes nuages blancs. Le soleil était déjà à son zénith et le vent soufflait une brise douce et estivale. C'est à ce moment là que je me levai... J'ouvre les yeux, la lumière agresse mes iris d'un bleu pâle, ma main cherche alors mes paupières pour les recouvrir. Un geste humain, instinctif. Je sens mon bras lourd et endolori, renonçant à le lever, je remonte la fine couverture sur ma tête, le noir revient alors. J'essaye de me remémorer l’altercation de la veille, dans cette vieille boîte de nuit miteuse et glauque. N'y arrivant pas, je me relaisse alors porter par le doux sommeil qui me tend les bras...
▬ Le soleil se couchait derrière les immeubles de la ville, le crépuscule arrivait. J'allais alors rentrer chez moi et, comme tous les soirs, revêtir mes habits noirâtres et rejoindre l'endroit où j'étais le mieux dans cette populace. Les dalles de la rue sombre se rejoignaient sur le flanc avant d'une baraque défrichée ; la mienne. Je sortais alors mes clés de la poche de mon pantalon délavé et ouvrais la sorte de planche de bois qui servait de porte. Laura avait raison, je vivais dans un taudis. Je me rappelais alors la matinée qui avait précédé...
Laura et moi étions au café du coin, ma meilleure amie me toisait, qu'avais-je fait ? Elle soupira en voyant mon air surprit, son soupirail de conspiratrice me fit sourire mais elle ne plaisantait pas. Je sirotai alors ma tasse brûlante et débordante de chocolat, me doutant bien qu'elle allait engager la conversation. Mon atteinte ne fut longue, sitôt que j'eusse fini ma tasse elle me souffla ;
« - N'as-tu toujours pas déménagé Julien ? » Pourquoi toujours cette question ? Si j'aurai déménagé elle en aurait été la première avertie... Croyait-elle que ma passion pour les endroits glauques et étranges se résoudrait si je changeais de maison ?
« - Écoute Laura, je ne déménagerai pas, lorsque je te vois je suis normal, le soir tu n'es pas là. N'est-ce pas ça le principal ? » Pour moi ça l'était, mais, apparemment, pour elle ça l'était moins. Elle m'observa d'un œil dubitatif avant de décréter avec un sourire empli de regrets ;
« - Désolée mais je n'ai pas envie d'être amie avec un schizophrène qui refuse de se soigner.. »
Schizophrène, moi ? Alors là c'était le bouquet. Que croyait-elle, que j'allais changer ? Si oui elle se trompait. Avant que j'eus le temps de lui répondre, elle partait, son sac sous le bras, sa cascade d'or se balançant mollement.
Qu'elle pouvait être agaçante certaines fois ! Essayant de me calmer, j'enfilai mon t-shirt troué et strié de marques. Une fois mon opération achevée, je prenais ma carte d'adhérent à la boîte et sortais.
Dans les rues de Sunnyvalle, je me mis à prendre l'air satisfait et carnassier qui me caractérisait le soir. Les passants s'écartaient, intimidés par mon allure inquiétante. J'arrivais enfin devant le grand bâtiment, l'entête n'était point lumineuse, a contrario des autres discothèques fantaisistes de la ville. Seul le nom était inscrit, en lettres effacées par le fil du temps. « Sudden Death. » Personne n'avait jamais compris mais l'on savait que nous revenions changé de cette ambiance gothique, plus renfermé et mystérieux.
J'entrais, en habitué, j'allais m'asseoir à la table du fond. Un serveur m'aborderait, comme d'habitude, et me servirait le cocktail illicite qu'il présentait comme « spécialité de la maison ». Attendant patiemment, je scrutais les lieux. La salle était comble, bon nombre de mes comparses attendaient l'artiste du soir au pied de la scène, tels des fidèles et leur Dieu.
À quelques mètres de moi se tenait, assis à une table, un homme grand et fort. Il me toisait avec amitié et réticence. Qui était-il ? J'allais détourner les yeux quand il m'invita d'un geste à le rejoindre. Prenant mon courage à deux mains, je me dirigeais vers lui, le pas traînant. Il me dit alors d'une voix de stentor ;
« - Puis-je vous offrir à boire ? » N'ayant pas le courage de refuser, j'acquiesçais mollement et m'asseyais. Que me voulait-il pour se montrer si aimable ? Habituellement, les gens qui venaient ici étaient des incongrus solitaires. Il me devança dans mes paroles et me dit ;
« - Je ne sais pas pour vous mais moi je trouve que vous êtes un beau salopard... » Les mots me donnèrent un coup de fouet, repoussant ma chaise je ne cherchais pas à savoir le pourquoi du comment mais plutôt à faire payer à ce sot sa folle bêtise. Il ne me repoussa pas et je fus soudain pris par l'envie de le tuer, il dût lire ça dans mes yeux car il se braqua alors. Je me demandais un instant qui allait sortir indemne de cette soirée qui avait pourtant bien commencé...
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