Le vent soufflait, je pleurais. La Terre tournait, je pleurais. L'eau coulait, je pleurais. Tu mourais, je pleurais... Pourquoi ? Pourquoi ta mort me cause-t-elle un tel chagrin, pourquoi ton existence a-t-elle été si vaine ? Je ne saurais jamais les réponses, tu les as emportées avec toi dans ta tombe. Adieu.

Un an. Cela faisait un an que tu n'étais plus, un an que je n'entendais plus ton rire charmeur, que je ne voyais plus ton sourire enjôleur. La vie était fade, sans couleurs. Mon existence était terne. J'écris. Rappelle-toi, j'aime tant écrire, même quand tu étais près de moi j'écrivais. J'aime mettre mes mots sur cette feuille, me sentant mieux, sentant déjà le monde plus coloré. Aujourd'hui je n'écris pas mes pensées, non, j'écris autre chose, une chose qui me tient tellement à coeur...
C'est à toi que j'écris, oui toi, la Reine de mes Nuits. Je me souviens de ton regard azuré lorsque je te surnommais comme ça, il y a si longtemps. Une larme transparente, traître, glisse de mon oeil, elle atterrit sur le papier, une tâche bleutée se formant avec l'encre de mon stylo. Bleue, la couleur de tes yeux.

Deux ans. Deux ans que tu n'étais plus là ? Oui. Je le ressentais au plus profond de mon âme, je veux te rejoindre, mais je n'en ai pas la force. A cause de toi. Oui toi, tu voulais que je reste en vie, sur cette Terre insipide et fade, que je vive dans un monde noir et blanc. J'ai essayé de te rejoindre, j'ai essayé. Tantôt me jetant sur une route, tantôt me droguant aux médicaments. Irréaliste pour toi n'est-il pas ? Je ne suis pas celle que tu as connu. Mais j'ai changé, pour toi... A cause de toi.
La tâche bleue se reforme sous mon stylo, encore. Pourquoi m'obstinais-je à écrire cette lettre, surtout à toi, la non-vivante ? Pourquoi m'infligeais-je de telles souffrances tous les ans, à la même date ? Bien que ta mort fusse douloureuse tous les jours, ce jour-là était morbide..

Trois ans. Je crie à présent. J'en ai marre, le papier se déchire entre mes doigts. C'est de ta faute ! Tout est de ta faute ! Pourquoi a-t-il fallu que tu meurs, pourquoi m'infliges-tu cette tristesse. Tu es une traîtresse ! Je te déteste ! Je pleure encore à cause de toi, regarde ce que tu m'infliges. Mais j'écrie encore, pour toi. Oui, j'ai encore un semblant d'amour pour ton "être", mais cette fois je me dis ; A quoi bon ? A quoi bon continuer, tu ne m'aides pas de là où tu es, à quoi bon continuer à envoyer des missives imaginaires à une morte. Mais j'écris, car c'est si dur de te quitter...

Quatre ans, cela aurait fait quatre ans. Quatre années de deuil qui se seraient écoulées. Mais je n'ai pas tenu, je n'ai pas pu redevenir normale, je n'ai pas pu me reconstruire une vie sociale sans toi à mes côtés. Mes veines ? Je les ai coupées, te rejoignant ainsi dans le "deuxième monde." La mort n'est pas si horrible quand on la subit pour celle que l'on aime. Je suis à tes côtés à présent, pour toujours. J'observerai à jamais le coucher du soleil avec toi maintenant. Mais il a été si dur de te quitter, Maman...